Né dans une famille noble dont le manoir se situait à l'écart de toutes civilisation, dans une forêt d'Astharie, les premières années de vie du jeune Brumaire furent relativement simples et joviales. La famille Ombrecoeur avait accédé à la noblesse et à la richesse à la force du poignet, si l'on pouvait dire. Les histoires quant à leurs ancêtres étaient troubles, mais la version officielle du mythe de cette famille évoquait un groupe de Thorkans exilés ayant migré jusqu'ici. La tribu avait décidé de créer un clan de chasseurs de monstres qui, au fil des âges et des générations qui passaient su grimper en rang et effacer jusqu'à ses origines, désormais uniquement connues des Ombrecoeurs.

Peut-être eut-ce été dû à cette origine étrangère, ou à quelconque autre raison, mais chez les Ombrecoeur, on étudiait aussi bien l'épée que la magie, bien entendu, le secret concernant l'art magique se gardait autant que celui concernant le passé du clan. Brumaire naquit puiné de quatre sœurs, fut bien rapidement le centre de l'attention. A vrai dire, que ce soit ses parents, ses grands parents ou ses sœurs, il semblait qu'on voulait pour le garçon le meilleur. Il serait celui qui perpétuerait le nom Ombrecoeur mais aussi celui qui représenterait la famille. Ainsi, tout y passa, de l'escrime à la lecture en passant par les arts et la danse. Il détestait la danse, pire encore, il était incapable de suivre le rythme. Une fois les bases acquises et son âge plus grand, on commença à évoquer avec lui la magie. Cela commença par les précautions à avoir, rester discret, ne pas évoquer ces pouvoirs avec autrui, ce genre de chose. Puis on lui inculqua les bases. La théorie l’assommait, il voulait pratiquer. Le temps passa, beaucoup, on décela un potentiel magique mais il ne fut jamais réellement exploité, au domaine Ombrecoeur, du moins.

D'autres années passèrent, la vie suivait son cours mais cette nuit marqué la rupture. Cette nuit fut celle où l'on plongea l'héritier Ombrecoeur d'abord en enfer puis dans les abysses. Il se souvenait, globalement d'une quinte de toux, d'une lueur orangée, d'une chaleur trop intense même pour la région et du bruit typique d'une foule révoltée. Un fracas le surprit, sa fenêtre venait de voler en éclats et un énorme galet vint cogner le chevalet où reposait le portrait de sa sœur sur lequel il travaillait. Le garçon jeta un rapide coup d’œil par ce qu'il restait du carreau mais il vit vivement tiré en arrière. S'apprêtant à se débattre, il se calma quand il reconnut le parfum de son aînée. Ils sortirent par la porte arrière et coururent. Elle ne lui expliqua rien, il ne comprenait pas. Ils courraient, il entendit un bruit sourd et lourd, il continuait de courir. Il se retourna et vit que sa sœur ne résistait nullement aux flèches malgré toutes les fois où elle l'avait ridiculisé en duel. Une gerbe de flamme s’éleva de son foyer, il tourna à nouveau la tête et continua sa course effrénée. Il ne comprenait toujours pas. Il atteignit la forêt et grimpa à un arbre, atteignant une large branche, il se recroquevilla et attendit, la tête pleine d'horreurs et le corps tremblant. Il avait aperçut ses parents, entendu ses sœurs, des cris, des bruits qui n'indiquaient rien de bon et cette image de son aînée écroulée au sol et de son foyer en pleine implosion le hantait et le hanterait toujours, même adulte.

Quand il revint, le lendemain, il ne restait plus rien hormis un amas de décombres et de cendres et une ignoble odeur de chair calcinée. Après d'intenses moments de faiblesses, de vomissements et de jambes tremblantes, le désormais orphelin avait rassemblé les corps, ou ce qu'il en restait. On ne les reconnaissait presque plus. Brumaire sombra de nouveau et perdit conscience. Il retrouva ses esprits et, par un effort surhumain parvint à enterrer sa famille. Il essaya plusieurs fois de se donner la mort, en vain, il n'y arrivait pas. Il devrait donc vivre avec ça, voir ces cadavres mutilés chaque fois qu'il fermait les yeux, les entendre hurler et les voir cramer à chaque fois qu'il parvenait à s'écrouler de fatigue. Du haut de ses 14 ans, il allait devoir affronter seul ce monde méphitique, putride et immonde.

Il erra plusieurs années, côtoyant les pires crapules et la lie de l'humanité. Il n'en sortit pas indemne, moralement, physiquement et mentalement mais il comptait survivre. Il tenta de percer la vérité derrière la destruction de sa famille mais il ne la sut jamais réellement. Il supposa que les origines de son clan ou leurs études de la magie avaient mené à ça, mais rien n'était sûr. Il était aussi possible qu'il eut s'agit d'une bande de brigands ou de mercenaires avides qui avaient trouvé là un endroit idéal à piller. Il tenta d'entrer chez les Gardiens du Crépuscule mais il échoua lamentablement aux épreuves de force. Finalement, l'un d'eux le pris en pitié et lui évoqua l'Académie. Le jeune homme put rédiger la lettre de sa demande d'admission, il n'était plus un noble, il se fit donc passer pour un prolétaire et passa les tests d'entrées grâce à ses connaissances. Il parvint à entrer en 1ere année à  20 ans. Les débuts furent compliqués, il passa souvent par la case nettoyage des écuries et de la forge. Il fut même, durant un temps, la star du mur des regrets. Enfin, il comprit ce qu'avait à lui offrir l'Académie et il se ressaisit.