Depuis toujours, Viola avait vécu avec une cuillère en argent dans la bouche. Alors que le monde était plus en danger que jamais à cause de cette soudaine invasion de démons difformes. Avant même sa naissance, ses parents luttaient contre cette horde apparemment sans fin. Bien qu'aucun n'assume revêtir le rôle de justiciers à cause de la magie encore trop polémique pour le moment, ça ne les empêchait pas de s'en servir tous les jours. Sous des identités de simples citoyens dans la pauvreté, ils affrontaient régulièrement ces démons. Son père de son côté maîtrisait des sorts de glace pour geler ses ennemis, tandis que sa mère utilisait une lance embrasée pour les transpercer une fois gelés, les brisant en mille morceaux.

Avec la naissance de leur enfant, le duo diminua fortement ses activités anti-démons. S'occuper de leur petite était devenu leur priorité ultime, plus que l'avenir du royaume. Ainsi ses parents ne furent pas avares en attention et en attentions à son égard. Elle fut ainsi éduquée comme dans la haute société, mais secrètement ils espéraient qu'elle trouve sa magie et combatte les démons comme eux. Après tout, c'était une tradition familiale. Mais cette fois ils voulaient que Viola ait le courage d'affronter le Mal sans honte de recevoir les critiques de la société sur son utilisation de la magie.

Très vite, elle découvrit son pouvoir, puisque ses parents faisaient tout pour l'initier à cette force intérieure dès son plus jeune âge. Mais contrairement à ce qu'ils imaginaient, ça n'avait rien d'actif ni même d'offensif, sa magie lui permettait de transférer ses sensations à quelqu'un d'autre pour ne rien ressentir de négatif. Dès qu'elle se sentait triste ou en colère, elle refoulait ça, ce qui la faisait se sentir toujours bien quelle que soit la situation. Seules les bonnes sensations restaient. Mais ses parents essayaient de l'empêcher de refouler ce qui était "sentiments" et autres, parce que ça la rendait vide et froide envers tout le monde. Ils argumentaient également tout le temps que les sentiments négatifs rendaient les personnes plus humaines et permettaient d'endurcir le mental.

Au fil des années, Viola suivit les conseils de ses parents, bien que ça lui était extrêmement difficile. C'était comme se prendre volontairement des flèches en pleine tête sans chercher à les enlever même temporairement. Ainsi elle commença de plus en plus à apprivoiser ces mauvais sentiments comme la tristesse, la colère, mais aussi la peur, l'envie, l'orgueil, tout ce qui touchait aux péchés capitaux, mis à part la gourmandise peut-être. Elle n'avait encore aucune idée de ce que ses parents voulaient dire avec leurs arguments habituels, mais elle leur faisait confiance et essayait d'endurer ces sentiments négatifs, en plus des positifs, même si c'était extrêmement tentant de les refouler. Elle supposait qu'à chaque fois qu'elle résistait, elle confirmait son humanité et niait une appartenance démoniaque.

Une fois ses seize ans arrivés, ses parents décidèrent d'envoyer Viola dans cette fameuse académie où les jeunes gens prometteurs étaient entraînés pour devenir l'élite des chasseurs de démons. ils n'hésitèrent pas à la recommander auprès de l'établissement avec un mot de leur part afin qu'on l'accepte un peu plus facilement que pour les autres. Eux n'avaient jamais essayé cette école, c'était pour ça qu'ils souhaitaient que la demoiselle tente sa chance, puisque c'était un établissement réputé. Ce serait sans doute toujours mieux que d'apprendre sur le tas pendant encore des années et peut-être rester médiocre malgré ça. D'autant qu'elle allait peut-être pouvoir y gommer ses défauts et améliorer sa magie pour en faire une vraie arme anti-démon.