Aelyria
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L'Académie d'Aelyria forme l'élite de la nation à un avenir radieux, et ce depuis des générations. Antre du savoir et de l'excellence, passez ses portes et embrassez votre destinée parmi les plus hautes sommités de l'Empire. Mais gare, à l'Ouest, l'ombre des Terres Sombres s'étend et menace l'Humanité. Saurez-vous vous dresser face à cet ennemi mystérieux ? Assumerez-vous la grandeur de votre nom ? Le monde pourrait bien en dépendre.

calliandra

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Personnel
Calliandra A. Vittoria
Personnel
Calliandra A. Vittoria
Métier / Fonction : Rhéteur d'Ethernia - Prof. Stratégie / Génie Militaire
Pouvoir : Flux Sanguin
FEAT : Makima - ChainSaw Man
Messages : 58
Sam 26 Mar - 0:28
Calliandra A. Vittoria

Bad temper, good heart

           
AGE : 24 Ans
SEXE : Féminin
MAGIE :  Occulte
FEAT : Makima - Chainsaw Man
   
Pouvoir : Contrôle du flux sanguin d'un individu
MÉTIER : Rhéteur d'Ethernia, professeur de stratégie & génie militaire

Mental et physique



Elle apparait généralement à la faveur de la nuit, la silhouette gommée par un manteau trop ample pour ses frêles épaules. La sobriété de sa tenue et l'unicité de son regard ne trompent pas : Il s'agit bien là de Calliandra, ou Madame Vittoria. Une jeune femme au regard constamment ponctué de cernes rougeoyantes et pourvue d'une chevelure incarnadine hésitant entre le pourpre et le rose pâle selon la lumière. De visu, elle n'inspire ni une grande classe, ni une grande beauté, ni même la moindre complexité. On ne retient au final que la pâleur de son visage, lequel semble constamment morne et éteint dans une lassitude pénible, sa marginalité offrant à ses œillades quelques allures ténébreuses. Pour sûr, elle n'inspire pas grande sympathie de prime abord.

Particulièrement banale, sa silhouette aurait été oubliable si elle n'était pas constamment attachée à sa réputation, celle d'un professeur inquiétant qu'il vaut mieux ne pas contrarier. Très jeune malgré sa position dans la haute hiérarchie de l'Académie, elle se fond sans peine parmi les élèves, aime à être imprévisible et redouble d'imagination lorsqu'il est nécessaire d'imposer une corvée à un élève récalcitrant. Elle rôde nuit et jour, observe d'un air taiseux et garde ses conclusions jusqu'au moment opportun. En sa qualité de professeure de stratégie, jouer au plus malin avec elle est une tactique prohibée.  

Comme beaucoup de professeurs, il y a une distance entre le rôle de l’enseignant et sa véritable identité. Cette vérité est d’autant plus appropriée pour Calliandra. A dire vrai, c’est même le point d’orgue de sa personnalité, puisque cette dernière considère son statut de professeure comme un véritable bouclier.

Pour l’ensemble de la communauté Académique, la jeune femme apparaît ainsi comme quelqu’un d’excessivement sévère et intransigeante. Elle ne plaisante jamais, et est beaucoup trop sérieuse pour son propre bien. Un rôle de fantôme inquiétant, celui du professeur éternel craint par ses élèves dont les convocations et corvées sont réputées dans tout l’établissement. Quelqu’un de froid et de distant, dont on cherche l’admiration et le respect, lesquels tardent toutefois à venir. Si c'est un modèle de réussite pour certain de par ses excellents résultats et la rapidité de sa carrière, elle se garde en général de faire des compliments, le fait de raréfier ces derniers leur octroyant une valeur décisive. Peu d'élèves gagnent son respect, encore que les rares élus ont en général une communication plus fluide avec elle.

Pour autant, Calliandra est en vérité vernie de contradictions derrière ces allures immuables. Malgré son air inhospitalier et non avenant, elle s’inquiète réellement du sort de ses élèves et est en vérité obsédée par l’idée de ne pas décevoir : de bien faire son travail. Elle est consciente d’avoir échappé à une bonne moitié de sa vie et d’avoir d’immenses lacunes sociales et émotionnelles, notamment vis-à-vis des autres gens de son âge.

Elle accueille ainsi logiquement son lot d’insécurités et d’inquiétudes. Habituée à être culpabilisée quant à son statut de génie, elle est devenue involontairement modeste et n’apprécie pas que la conversation gravite autour d’elle. Le rôle de spectatrice lui convient à merveille, préférant de loin être enfermée dans son rôle d’enseignante que contrainte d’en sortir par peur de dire n’importe quoi ou être ridicule. Les liens sociaux, les relations, la confiance, tout cela lui est parfaitement inconnu. De même que l’importance capitale des conversations sans importance, l’indispensabilité du dispensable. Tout doit avoir un sens, un intérêt à servir, car sinon tout serait futile et chaotique. Et le chaos l’effraie, tout comme l’absence de réponse ou de stabilité.

Au fond, elle est restée cette gamine qui cherchait un foyer, et qui s’est agrippée de toutes ses forces à la première opportunité par peur de ne jamais trouver mieux. Seulement, à force de ne vivre que pour ça, elle en a oublié de vivre pour elle-même. Une quête initiatique personnelle qu’elle repousse constamment au lendemain, trop inquiète à l’idée d’affronter le monde et retourner à un stade d’ignorance et d’embarras.

Aptitudes

La plus grande aptitude de Calliandra est son intelligence. Considérée comme un génie intellectuel, elle est capable de comprendre à peu prés tout, et ce dans un temps record. Passionnée par le savoir au sens large, tout l’intéresse et elle ne compte plus les nuits blanches passées sur des ouvrages poussiéreux délaissés depuis des siècles. Son intelligence lui permet une grande compréhension des concepts du monde et de leurs fonctionnements. Elle apprend vite, et dans le même élan : transmet le savoir aussi vite qu’elle l’accumule, au grand dam de certains élèves.

La jeune femme raisonne, calcule, analyse et anticipe sans prendre le risque de soumettre son intellect à une quelconque surchauffe. Pour elle, tout n’est que le fruit d’un écoulement logique, tout le savoir du monde étant accessible à n’importe qui pourvu qu’on le déchiffre de la bonne façon. C’est évidemment cette intelligence et ce potentiel immense qui lui a permis d’obtenir son diplôme en un temps record, de même que son statut de professeur, puis de rhéteur. Une carrière expresse envoûtante proposée par les autorités académiques, sûrement par peur de laisser filer une main d’œuvre si volontaire, acharnée et compétente.

Nonobstant, Calliandra profite également d’un pouvoir bien particulier dont les effets et applications s’articulent là aussi autour de son imagination. Par le crépuscule mordoré de ses yeux, la jeune femme parvient à observer la circulation sanguine d’un être vivant, ce qui octroie d’ailleurs à son regard cette allure si unique et perturbante.

Si l’individu demeure dans son champ de vision, elle peut alors exercer un contrôle sur son propre flux sanguin. Empêcher le sang de couler ou à l’inverse le faire sortir d’une plaie à profusion, surcharger ou sous-alimenter les artères pour causer des complications cardiaques, faire affluer le sang dans un endroit du corps, les utilisations sont vastes. Sa magie peut donc rendre quelqu’un malade, nauséeux, voire complètement inconscient. Il lui est également possible de faire directement jaillir le sang d’une plaie pour éblouir un adversaire, ou générer une agglomération anormale et soudaine de sang à un endroit du corps pour générer un spasme ou déplacer un membre à sa convenance.

Le pouvoir demeure néanmoins défensif et utilisable que sur une personne à la fois. Coûteux et extrêmement risqué, la jeune femme l'utilise avec parcimonie, d'autant plus que l'utilisation abusive de cette magie peut susciter des douleurs oculaires et des maladies particulièrement contraignantes à gérer. Son pouvoir demeure ainsi très situationnel malgré qu'il puisse paraître impressionnant et intimidant de prime abord. Il contribue à l’aura inquiétante qui émane de Calliandra et de son statut de professeur. Soutenir son regard n’est ainsi pas une bonne idée, cette dernière étant réellement capable de faire monter le sang à la tête.

Pour le reste, la jeune femme n'est ni formée ni compétente. Sa force physique est particulièrement ridicule, de même que son aisance avec les armes. Fidèle à son statut d'Ethernia, elle est bien plus performante en survolant le champ de bataille, en l'étudiant et en donnant des directives qu'en étant propulsée au front, cernée par l'anarchie et la violence. Si une confrontation physique devait ainsi éclater, les conséquences pourraient être désastreuses pour l'enseignante. Fort heureusement, elle est pourvue d'un sens aigu de la fourberie lui permettant de désamorcer les situations pernicieuses en s'entourant des bonnes personnes ou en simulant un malaise chez l'opposant belliqueux.

Tout commença par un soupir, le même qu’elle exprimait chaque fois qu’il lui fallait se replonger dans ce que sa mémoire s’acharnait à obombrer. Un carnet vétuste, couvert de poussière, dont certaines pages tombaient lamentablement comme des lambeaux de savoirs interdits à deux doigts de retourner au néant.

Toute sa vie y était consignée méthodiquement. Tous les points de suture cachés sous sa carapace, toutes les choses qu’elle n’avait jamais osé verbaliser, tous les instants qu’elle aurait aimé fuir. Comme à chaque fois, son cœur s’emballa lorsque son index effleura la reliure de cuir bouilli, comme si elle n’avait pas besoin de consulter l’ouvrage pour en ressentir la lourdeur.

Les yeux rougis et avec pour seule compagnie la lune et un verre de vin, la jeune femme inspira profondément avant de libérer le livre de son sceau protecteur. Confortée par le clapotis de l’eau qui se déversait sans cesse dans la fontaine, elle replaça son manteau sur ses épaules et agrippa sa plume.

Oh, comme elle redoutait ce moment.

C’était une tradition récurrente de l’orphelinat. Lorsque l’enfant devenait adolescent, un entretien lui était donné avec le personnel de charité. Au travers d’une brève conversation, on révélait ainsi à l’individu ce qui était su quant à son héritage, et sa condition. Certains apprenaient alors que leurs parents étaient morts héroïquement, d’autres qu’ils étaient des éructations illégitimes qu’il valait mieux cacher.

La petite Calliandra n’avait pas besoin de ces révélations, elle en avait cure. Peu importe l’origine de ses géniteurs, ils ne trouveraient pas grâce à ses yeux. Comme beaucoup d’enfants, elle nourrissait une colère acariâtre envers ceux pour qui l’abandon d’un enfant était chose logique et concevable. A la différence que comme aucun autre rejeton d’ici, c’est à l’âge de six ans qu’elle fut abandonnée, et non à la naissance.

Fait dérisoire, anecdotique presque, qui avait pourtant suffi à initier des moqueries aussi sordides que violentes. D’abord, on l’invectiva dans les couloirs en lui faisant remarquer qu’elle était la plus vieille orpheline et que ses cernes étaient plus gros que ses yeux. Puis, on jeta ses quelques effets personnels par la fenêtre en prétextant que ces derniers prenaient trop de place et que, si la perspective d’une vie d’ascète s’affranchissant des biens matériels lui déplaisait, elle était bien libre de les suivre dans leur chute. Enfin, on supputa que l’unique raison pour abandonner un enfant âgé de six ans était que ce dernier ne méritait ni l’attention ni l’amour, que fussent les rôles inversés, n’importe quel autre orphelin n’aurait pas connu pareil destin.

La cruauté des enfants étant proportionnelle à leur bêtise, les rejetons de l’orphelinat firent preuve d’une immense cruauté, et Calliandra, d’une immense intelligence. Elle n’avait pas son pareille ici-bas, ni lorsqu’il était question d’étonner les adultes lors des évaluations, ni lorsqu’il fallait se reposer sur sa fierté et encaisser sans broncher. Jamais elle ne laissa une question sans réponse, et jamais elle ne concéda la pâleur d’une larme face à ses diablotins. La méchanceté se perpétrait comme un cycle dont elle était la pierre angulaire. De cet orphelinat, elle était l’enfant qu’il ne fallait pas recueillir.

Malgré les défaillances d’une mémoire qui se voulait capricieuse, elle se souvint du dégoût et de la honte, de la colère et de la tristesse. Elle se souvint d’ailleurs s’être souvenue de tout cela, alors même qu’elle se tenait sur le seuil de la porte. L’encre plus appuyée sur ces quelques lignes se fit d’ailleurs un sinistre présage.

Le directeur de l’orphelinat se tenait derrière son bureau, quelques décorations onéreuses pendant ci et là. Pour des raisons obscures, elle ne retint de son apparence qu’un nœud papillon trop serré et un sourire si large qu’il ne pouvait être qu’hypocrite. C’était un drôle de bonhomme, le genre qui l’effrayait.

Sans ménagement envers celle qui n’était finalement qu’une parmi tant d’autres, il déblatéra alors d’un ton débonnaire tristement habituel. Droite sur sa chaise, la tête dodelinant sous la fatigue, Caliandra avait écouté le vieil homme avec toute l’attention qu’elle était capable de démontrer, l’attention vacillante à l’image de son regard rapidement embué.

Avec tous les scénarios improbables et blessants que ses camarades avaient inventés pour justifier sa condition, elle s’attendait à tout, ou plutôt s’attendait à ne s’étonner de rien. Elle avait tort, et il fallut tous les efforts du monde pour encaisser ce coup-ci.

On lui apprit qu’elle était arrivée, à la main d’un majordome richement vêtu. Dans son autre main, le laquais arborait une bourse assez conséquente pour captiver le regard et détourner l’attention de l’hématome qui gonflait la joue de la gamine. S’agenouillant aux côtés de la petite, l’homme déposa son manteau sur elle et tourna des talons. Eberluée et inconsciente de ce qui se passait, la jeune Calliandra regardait simplement la porte face à laquelle on l’avait déposé, tenant entre ses mains une lettre qu’elle était supposée confier à la première personne qui ouvrirait

Et aussi simplement que ça, on se délesta de la responsabilité d’une vie, veillant à ce que le fait de payer les besoins de l’orphelinat pour la prochaine décennie disperse les vents contraires et curieux.

Si Calliandra ne s’était depuis jamais débarrassé du manteau qui l’abritait ce jour là – et jusqu’au moment de sa lecture, elle ne put non plus se défaire du traumatisme et de l’impact de cette réalité aussi gratuite qu’implacable.

Elle pensait s’être endurcie, mais le frêle bouclier qu’elle brandissait vola en une myriade d’éclats scintillants. Non pas car elle se sentait trahie, mais car elle se trouvait là face à la première réponse à laquelle elle ne saurait jamais répondre. La seule qui comptait réellement.

Sa réponse fut de feindre l’indifférence, de laisser son orgueil et son foie encaisser ce que son amour propre et son cœur ne sauraient digérer. La respiration chancelante et le cœur sur le point de rompre, elle tint bon jusqu’au moment de pouvoir s’éclipser.

Elle se souvint avoir couru au mépris de la pluie battante vers un paradis inconnu qu’elle s’en allait retrouver. Courir et courir encore sous le couinement des feuilles trempées et gluantes sous ses chaussures. Traverser les rangs d’épaules qu’elle osa pour la première fois bousculée, et courir encore. Finir par choir dans les bras d’un arbre esseulé, les genoux contre la poitrine et le souffle court, à échanger quelques larmes avec le ciel.

Cette page-ci fut la plus dure à tourner. Si ce carnet était le reflet de la construction de Calliandra, alors ce premier chapitre en avait été le cahier des charges. Des fondations bancales et fissurées n’attendant que l’ultime fissure qui leur permettrait de se rompre.

Ces pages-là étaient jaunies, les coins encornés. Pendant longtemps, ces paragraphes avaient été le réceptacle d’une grande frustration, une colère qu’elle ne s’avouait pas et qu’elle pensait incurable. Pour autant, tout génie qu’elle était, c’était une bêtise de sous-estimer la puissance du temps et son impact indéniable sur la mémoire.

Car ces pages, plus que simplement évocatrices de douleur, étaient un rendez-vous régulier qu’elle ne manqua pour rien au monde, lorsqu’il fut temps pour elle de quitter l’orphelinat. Le personnel l’avait recommandé auprès de l’Académie, conscient de son ascendance noble ainsi que son potentiel intellectuel exceptionnel. S’ils avaient oublié de préciser que grâce à leur éducation et leur bienveillance, la gamine souffrait déjà d’immenses carences émotionnelles et avait tenté de fuguer plus d’une dizaine de fois, ces derniers eurent au moins la décence de la pousser aux portes de la plus prestigieuse école jamais créée.

C’est ainsi qu’elle y fait son entrée, penaude, inconsciente, habitée par l’idée qu’elle avait en réalité été évincée de l’orphelinat car elle y causait trop de remous.

Les jours furent interminables, et les désillusions innombrables. Calliandra et son manteau trop grand, ses yeux aux paupières violacées et ses cheveux retombant sur son visage parmi les plus hautes sommités du monde. Elle ne tenait pas la comparaison. Tous étaient mieux éduqués, formés à la bienséance, alertes à l’hypocrisie et au jeu d’échecs. Les regards lui étant destinés étaient toujours aussi mauvais, à la différence que l’on y lisait non plus de la méchanceté mais du mépris.

Tout du moins durant les premiers mois, car il ne fallut guère plus pour que son intelligence ne la démarque. Elle supplanta ses camarades de classe, accumulant les longueurs d’avance, les bonnes évaluations et par la même, la sympathie d’une partie du personnel. Ses compétences progressaient à mesure que sa réputation flanchait, chaque nouvelle réussite apportant son lot de moqueries et de suspicions de triche. Elle était le rejeton de la portée : elle ne pouvait pas réussir mieux que ses contemporains.

Et pourtant. S’il fallait en moyenne cinq ans aux étudiants pour achever leur cursus, Calliandra n’en eut besoin que de trois. Trois années particulièrement éprouvantes, non pas par égard envers l’étude, mais à cause des aléas constants. Des agressions récurrentes qu’elle a préféré taire par orgueil, des injures soufflées lors de son passage, un chemin de croix pénible menant la jeune femme à être consignée à une chambrée individuelle.

Le harcèlement mena au stress, le stress à la solitude, la solitude à l’insomnie, l’insomnie à la mélancolie. Souvent sanctionnée par un règlement qu’elle contournait malgré elle, c’est dans la sécurité relative de la nuit qu’elle trouva le remède à ses problèmes. Les journées étaient ainsi passées à écouter les cours et faire autant de siestes que possible, les nuits à étudier en silence à l’abris des regards et des jugements.

Par la force de chose, et à force d’être un animal nocturne, Calliandra se familiarisa avec les petites mains qui travaillaient pour le Château lorsque ce dernier était endormi. Les jardiniers, cuisiniers, ces gens humbles et sans ambitions particulières, ils devinrent sa famille. Les cuisiniers lui apprenaient les rudiments des arts de la table pour la distraire lors de ses peines, les jardiniers l’autorisaient à dormir dans les serres et étudier les plantes à n’importe quelle heure.

Ses meilleurs amis étaient ainsi des membres du personnel, ce qui était joué d’avance pour une gamine contrainte à grandir deux fois plus vite que la norme. Au mépris de sa renommée d’avantage fragilisée par ses copinages avec les domestiques, elle trouva réconfort et sérénité dans les regards honnêtes de ces pauvres gens.

C’est d’ailleurs dans la sincérité de leurs éclats de rire et la simplicité avec laquelle ils échangeaient que Calliandra comprit. Que son génie n’était pas un don, mais un défaut. Que tous ces gens étaient plus heureux qu’elle ne le serait jamais. Telle était la solitude des puissants.

La nuit devient son temple, et la fontaine des jardins-sud son sanctuaire. Tous les soirs ou presque depuis sa deuxième année d’étude, elle s’y rendait pour écouter le clapotis de l’eau et le chant des insectes dans les arbres fruitiers. Un endroit parfait pour la contemplation, l’écriture et la lecture.

Les lignes de son carnet étaient ainsi moins indécises, depuis qu’elle les écrivait sous la lueur opaline de l’astre. Les mots étaient moins indigestes et pénibles à supporter. Telle était sa routine, une habitude immuable qu’elle tint à conserver. Les nuits d’été, la chaleur de l’eau confortait ses jambes, alors que l’hiver venu, la fine couche de glace se formant sur l’eau placide reflétait toutes les lueurs alentours.

Pendant une seconde, elle referma son carnet. Son œil lézarda le long du décorum, appréciant les reliures soignées de cette fontaine éternelle, et la paisibilité de son eau. Rien ne semblait pouvoir perturber ce petit territoire, épargné du temps et de ses affres. Aucune gravure ne perdait de sa splendeur, aucune lumière ne se faisait moins belle que sa comparse. Rien ne changeait. Sauf Calliandra.

Elle était le seul élément du paysage qui variait selon les saisons. Bien qu’elle ne l’assumerait jamais, sa proximité avec la noblesse l’avait formée à ses us et coutumes. Malgré son aversion pour la plupart de ces enfants spoliés et détestables, elle se retrouva à en être garante de l’avenir.

Telles étaient les dernières pages de son carnet, l’écriture y était moins chevrotante, les lignes plus affirmées. D’enfant acceptant d’être culpabilisé à l’excès elle passa à adulte accomplie unique décisionnaire. Sa tristesse était toujours présente, mais confortablement cachée derrière un grand pragmatisme et un attachement à son devoir.

Contrairement à la plupart des enseignants de l’Académie, elle n’avait pas endossé cette responsabilité par altruisme ou amour de son prochain, tout du moins tentait-elle de s’en convaincre. C’était au nom de sa propre sécurité, de son propre confort. Une fois son diplôme obtenu, il n’y avait rien pour elle sinon le vertige de son ignorance et l’infinité des possibilités. Il lui fallait un foyer, une raison d’exister, un endroit où loger. Et malgré l’enfer qu’avait été son pèlerinage au sein du château, c’était le seul endroit sur terre où il lui arrivait de se sentir chez elle, où elle se sentait utile.

Ainsi, lorsque le poste lui fut proposé elle l’accepta sans concessions, la main encore chaude d’avoir tenue son diplôme. Elle décida ainsi de jouer son destin sur un pari. De créer une distance entre elle et les responsabilités sur le point de lui être confiées. En plaçant sa sévérité au-dessus de la bêtise de la jeunesse, elle espéra l’étouffer dans l’œuf et la dissuader. Calliandra devint ainsi une figure crainte parmi les élèves, l’image éternelle d’un professeur retors et exigeant au-delà de toute mesure, éternellement insatisfait et effroyablement facile à contrarier.

Au diable la mansuétude, le pardon avait disparu de son vocabulaire. Elle ne jurait plus que par son travail, s’y plongeant avec la même assiduité qui lui faisait ellipser de précieuses semaines de sommeil. Occupant à merveille son rôle de presque antagoniste, elle permit de mettre l’accent sur la discipline au sein de l’Académie, niant les potentielles maladresses liées à la cohabitation de son jeune âge et son rôle d’enseignant.

Plus rien ne comptait, sinon le résultat. La réussite ? Pas assez, l’excellence, la perfection. Le jeune professeur égara quelques autres années de sa jeunesse, s’évitant les soirées innocentes et les fous rires adolescents. Elle ne connut ainsi pas la chaleur d’une taverne et les discussions de tablée, les tracas du quotidien, les relations familiales ni même l’entraide.

Elle était devenue une excellente enseignante. Mais une bien piètre humaine, désynchronisée de la réalité, de ses joies et de ses peines.

La réussite de ses élèves motiva les hautes autorités à la propulser au rang de rhéteur de maison. Alors en charge des intellectuels, elle pensait pouvoir évoluer parmi ses semblables. Pour autant, elle ne trouva chez autrui que lassitude et désintérêt, comme s’il y avait une différence de langage entre la rouquine et le reste du monde.

Elle n’avait jamais été aussi seule.

Et comme le naturel ne rôde jamais loin, elle chassa cette pensée maussade en refermant son carnet et extirpant ses jambes de la fontaine. La pauvrette était consciente que la vie ne se trouvait pas dans les livres, fusse-t-il écrit par sa propre main. La vie était à vivre, et peut-être était-il grand temps pour elle de commencer à la savourer.

 

TRIVIA

     
  • A cause de ses insomnies, il n'est pas rare de croiser Calliandra dans les couloirs une fois la nuit tombée.
  • Elle adore cuisiner bien qu'elle n'aime pas le révéler par peur d'être jugée. Il lui arrive de se glisser dans les cuisines de l'Académie pour donner un coup de main et écouter innocemment l'avis des élèves après coup, feignant de ne pas être vexée ensuite.
  • Elle a sauté deux niveaux d'étude grâce à ses talents intellectuels, un exploit qu'elle préfère toutefois taire par peur d'être culpabilisée ou moquée.
  • En dépit des apparences, Calliandra défend certains étudiants et refuse que quelqu'un d'autre qu'elle ne "bouscule" ses élèves.
  • Lors de ses entraînements à la maîtrise de son pouvoir, elle a failli mourir d'une hémorragie à force de ne pas pouvoir contrôler un saignement de nez.
  • Si elle n'était pas devenue enseignante, elle aurait sûrement fini par travailler dans un orphelinat, où elle déverse d'ailleurs présentement la moitié de sa fortune.
  • Elle ne sait pas bien monter à cheval et s'est déjà cassé quelques os en essayant.
  • Dans sa jeunesse, lorsqu'elle était timide, il lui est arrivé de se faire appeler " Camillia " pendant plusieurs mois par ses camarades sans jamais oser rectifier l'erreur.
  • Anecdote 9
  • Anecdote 10

Buck

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Calliandra A. Vittoria
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Sam 26 Mar - 0:37
Tiens tiens tiens.
Bienvenue à toi voyageur.

Hâte de faire des dingueries avec Calliandra ! badluck
Alloy Crowmight
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Sam 26 Mar - 0:53
Bienvenue Bro !
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Lun 28 Mar - 1:36

Félicitations !

Validé !


Nyello toi !  muchlove
Il va sans dire que cette fiche est superbe ; qu'il s'agisse du fond ou de la forme. Je me surprends toujours à lire tes fiches d'une traite (et à les relire, aussi) tant j'aime ta plume, et surtout ce que tu produis avec.
Ce personnage est bien plus haut en couleurs qu'on pourrait le croire au premier coup d'oeil, et j'adore ça. Je l'adore elle, tout simplement, et j'ai terriblement hâte de la voir en action - et, sans surprise, de me joindre à une aventure à ses côtés !!
aelyluv



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Loeve E. Löyn
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