L'Académie d'Aelyria forme l'élite de la nation à un avenir radieux, et ce depuis des générations. Antre du savoir et de l'excellence, passez ses portes et embrassez votre destinée parmi les plus hautes sommités de l'Empire. Mais gare, à l'Ouest, l'ombre des Terres Sombres s'étend et menace l'Humanité. Saurez-vous vous dresser face à cet ennemi mystérieux ? Assumerez-vous la grandeur de votre nom ? Le monde pourrait bien en dépendre.
L'odeur parfumée du thé fumant vient me faire relever doucement les yeux. A moitié assoupi, à moitié rêveur, j'observe ma classe vide avec une forme d'apaisement. Au fil des années et des demandes, j'avais réussi à en faire un endroit qui me met désormais à l'aise. J'ose aussi espérer que c'est un élément partagé par mes différents étudiants. Certains enseignants me font parfois des remarques sur mon possible abus des cristaux et de la modification de l'espace. Mais, l'art de la magie doit être effectué dans un endroit à la fois grand et restreint. Scolaire et aventureux. Libre et strict. Et, d'une certaine manière, à ma vision, j'ai réussi à rassembler ces points.
Assis derrière mon bureau, je laisse mes yeux vagabonder sur les rangs de pupitres sans lignes particulières. Près de l'entrée, du bureau et sur une bonne partie de la classe, de beaux traits de bois dignes d'une maison charpentée ornent les murs, le sol et même le plafond. Recouverts tantôt de symboles, tantôt de voilages aux couleurs douces. Formant un mélange à la fois travaillé et élégant mais aussi rural et bohème. A l'opposé de la porte d'entrée s'ouvrent les fenêtres donnant sur une forêt dont la végétation semble s'inviter à l'écoute des cours. L'espace ouvert de la "forêt" me donnait l'occasion de laisser les élèves au dons plus.. "grands" de s'exprimer sans heurter les autres. Et même si je ne l'utilise au final pas si souvent, je préfère autant voir un enfant laisser ses yeux voyager sur les feuilles vertes plutôt que dormir d'ennui pendant mes cours. La rêverie est une forme de magie, pour certains poètes du moins.
Au fond de la salle, et volontairement ce vers quoi mes yeux divaguent lorsque la morosité me vient, se trouve un petit jardin. Ni grand ni minuscule. Assez "spacieux" pour y laisser une petite serre où je me laisse parfois à jardiner. Une petite table où prendre le thé lorsque des confessions sont à écouter. Un espace où laisser ma propre rêvasserie m'emporter. Sûrement même accentuée par l'apparition de ce jardin. Comme nimbé dans un rêve, le bois venant peu à peu laisser sa place à l'herbe et le toit au ciel. Créant une salle où la logique n'a qu'un sens onirique. Une parenthèse étrange dans un monde parfois bien trop noir.
La chaleur du thé caresse ma langue alors que je me surprends à boire machinalement, mes yeux venant se perdre vers la porte entrouverte dont j'attends l'ouverture complète sous peu. L'idée de faire un cours commun nous étaient venus autour d'une discussion sans réel intérêt. Prudence et moi n'avons que rarement eu l'occasion de voir les méthodes de l'autre malgré les années, l'exercice pouvant être au final plutôt intéressant et enrichissant. Je l'espère autant pour les élèves que pour nous cela dit. Pour l'occasion, nous avons même proposé ce cours à nos classes respectives, mêlant la magie du tronc commun et l'étude plus poussée, désireux de voir si certains talents pourraient s'ouvrir. Pourquoi pas même susciter un peu de pédagogie parmi les plus à l'aise. L'entraide est une faculté toujours bonne à encourager après tout.
Alors, posé derrière le bureau, j'attends les jambes croisées avec un air rêveur tout en me demandant qui viendra ou non à cette proposition. L'aspect facultatif de ce cours écumant le nombre de participants tout en nous permettant de nous focaliser sur certains élèves plutôt qu'enseigner à une foule des principes communs.
La description de la pièce est dans le premier post.
Si Prudence était vraisemblablement satisfaite de ses méthodes, elle n’était pas moins curieuse de constater les prouesses de ses semblables pour autant. Elle ne remettrait sûrement pas en question, mais cela pourrait toujours lui servir de distraction ; et bien sûr, elle voulait constater les capacités d’élèves en spécialité magique de ses propres yeux.
Peut-être seraient-ils plus doués que les siens. Si elle avait plus de temps à consacrer à l’académie, elle se serait volontiers présentée en tant que professeure de magie spécialisée. Son excellence se retrouvait bafouée face à des cours si basiques tels que l’initiation magique. Mais il fallait de tout dans l’académie, et elle était prête à mettre son égo de côté tant qu’il s’agissait de créer de potentiels soldats.
Il faisait bon en ce jour et Prudence se décida à vagabonder sous sa forme féline ; tout simplement car cela allait plus vite ainsi, et qu’elle n’aurait pas à se coltiner les discussions de politesse lorsqu’elle croisait quelqu’un dans un couloir. Après tout, les chats ne parlaient pas.
Sur son chemin vers la salle de classe désignée par son collègue, Prudence remarqua une douce fragrance. Connaissant son partenaire, il sirotait certainement son thé, paisiblement installé derrière un bureau - et cela ne manqua pas. Le chat noir arriva dans la salle de cours et se dirigea vers le bureau, échappant à la vue de Söl de par sa petite taille. D’un bond, elle vint se poser près de la tasse de thé, dans le but de sentir ce parfum de façon plus intense.
— Camomille ? lança le félin. Je t’en piquerai un peu, si cela ne te dérange pas.
Elle vint glisser le bout de sa patte de façon nonchalante - et sans même attendre une quelconque réponse de la part de Söl - dans la tasse de thé. Après y avoir trempé quelques coussinets, elle porta sa patte à sa langue et lappa le dessus de celle-ci, satisfaite. Elle se lécha alors les babines avant de poursuivre.
— C’était plus fort que moi, se justifia-t-elle. J’aimerais te faire savoir que je vais rester en retrait pour commencer. J’aimerais observer tes méthodes, je te confie mes élèves ; j’interviendrai si je trouve quelque chose d’intéressant à ajouter, bien sûr.
Déambulant à travers les longs couloirs de l’académie. Un air absent sur le visage. Tes pas te conduisaient à la salle de classe. Un cours de magie. Doublé de de spécialité. De mémoire. Tu n’avais pas les détails en tête. Tout ce dont tu souvenais. C’était du lieu et de l’heure de la classe en question. Le minimum pour pouvoir y arriver sans être trop en retard. Ton rôle de préfet t’obligeait à moins te perdre dans tes pensées.
Toi qui avais pourtant l’habitude de ne pas être des plus ponctuels. Toi qui avais pour habitude de te laisser transporter par l’instant présent. Au gré de ton rêve du moment. Voguant à travers des doux rêves éveillés. Comme tu aimerais ne jamais avoir à ouvrir les yeux. Comme tu aimerais être à jamais enfermé dans cette vie factice. Pour ne plus avoir à affronter la réalité. L’inexistence de ta réalité.
Ton rôle avait été annoncé au préalable. Aidé ceux avec des difficultés tout en faisant étalage de ton talent. De ta maîtrise magique. Comme si sauter un échelon se révélait être un fardeau. Plus tu réussissais, plus tu essayais de te démarquer. Et plus la charge sur tes épaules ne faisait que grandir. Plus on t’en demandait. Sans rien offrir en retour. Plus on estimait que tu devais offrir. Plus tu devais approcher la perfection. Sans même te féliciter. Sans aucune fierté.
C’était donc résigné, que tu avais atteint cette salle. Face à la porte. Les professeurs devaient sûrement déjà être à l’intérieur, prenant place. Attendant patiemment l’arrivée des élèves. Connaissant Monsieur De L’Isle, il devait boire son thé habituel. Concernant Madame Lovegrove, elle attendait patiemment, le postérieur posait sur le bureau. Petit chat noir observant avec intérêt chaque chose et chaque personne.
Après une brève hésitation qui s’envola tout aussi vite, te rappelant à tes fonctions mais surtout à tes obligations. Tu poussas doucement la porte, qui s’ouvrit en silence. Sur cette salle encore bien vide. S’élançant à l’intérieur sans un bruit, tu saluas les professeurs comme à ton habitude, d’un bref mouvement de la tête et d’une voix difficilement remarquable. Pour peu qu’ils se soient assoupis. Tu n’aurais sûrement pas troublé le sommeil par ta présence.
Bonjour. Monsieur de l’Isle. Madame Lovegrove.
Sans rien ajouter. Sans un mot de plus, tu gagnes l’une des places au fond de la pièce, sur l’un des côtés de cette salle.
Tu t’installes sans un bruit. Attendant à ton tour patiemment la suite. A peine assis, ton regard se perd déjà à travers la fenêtre de la pièce. Ta place favorite dans les salles de classe, celles ayant la meilleure vue vers l’extérieur.
Queue de cheval fouettant l’air dans un rythme dicté par le balancement de ses longues jambes, Isidora marchait comme si le monde lui appartenait. Il faut être honnête, il lui appartient un peu, parfois, de temps à autre, sa voix sifflait l’air dans une mélodie piquée des lavandières qu’elle entendait dans la rue.
“si tu ne m’aimes pas, je t’aime mais si tu m’aimes, prends garde à toi prends garde à toi”
Le reste de la mélodie lui échappait bien raisonnablement de son esprit et loin d’être agaçant, Isidora répétait ses notes dans l’espoir étrange que la suite se dessine d’elle-même comme dans un appel divin de l’inspiration. Salutations de la main des confrères croisant sa route, l’esprit se trouvait ailleurs pendant que le rythme de la chansonnette comblait ce creux cérébral. Aujourd’hui le professeur de l’Isle avait proposé un cours facultatif sur la magie et il était bien évident que la professeur féline Lovegrove aurait bien envie d’apposer sa patte sur cette rencontre. Alors c’était avec un intérêt piqué, une volonté de faire briller son rang de première de la classe, et son envie insaisissable d’améliorer ses compétences magiques qu’elle prenait actuellement la direction du cours malgré une journée ouverte à d’autres possibilités. Oh, elle aurait très bien pu être occupée à visiter les échoppes ou à terminer cette lettre ou à croiser le fer avec son frère aîné mais la magie, hélas la magie.
Poussant la porte, entrée du sanctuaire créé par le soin de Professeur de l’Isle, elle prit une profonde inspiration, ses sens se délectant de cette étrange sensation de plénitude maîtresse de ces lieux. La pensée du privilège de pouvoir être là avait la puissance de la remplir de cette sensation de plaisir et c’est avec un son ravi qu’elle salua l’assemblée des deux professeurs ;
-Je vous salue Professeur de l’Isle, Professeur Lovegrove! Votre pelage est ravissant aujourd’hui, madame. Suis-je…
Un regard au fond de la salle lui fit raviser la question avant qu’Isidora n’offre un longue contemplation à l’étudiant au fond de la salle :
-La question s’est répondue tout de seule.
Un petit rire lui échappa bien malgré elle, tandis qu’elle prit place au premier rang, posant son sang sur la chaise d'à côté et que ses doigts s’affairaient à sortir le nécessaire pour retranscrire les savoirs offerts aujourd’hui.
La première apparition m'arrache de ma semi-torpeur. Prudence, dans sa grande habitude et désinvolture, s'est placée devant moi, m'adressant la parole depuis sa forme animale. Malgré les années, cette vision me perturbe toujours autant, m'obligeant souvent à m'orner d'un sourire un peu maladroit, incertain du sentiment éprouvé à ce moment.
- C'est.. Hm.. Oui, Cam..-..mo...
Ma voix se baisse doucement alors que je l'observe planter sa peau dans la tasse m'étant destinée, toujours dans ma propre paume. Un air de consternation s'installe momentanément sur mon visage avant que je ne vienne déposer celle-ci devant elle, attrapant l'autre tasse prévue pour l'impatiente de mon autre main.
- Aucun problème, de toute manière, je doute que beaucoup se présentent et j'ai ouvert la séance sans horaire de début obligatoire. Alors on risque aussi d'avoir des curieux plus tard.
Alors que ma voix se tait, la porte s'ouvre doucement, attirant mon regard vers le nouvel arrivant. Un nouveau sourire s'étend sur mes lèvres alors que mes yeux se ferment à mi-clos, observant Alloy. Pas méchant, un peu trop réservé pour son propre bien à mes yeux. Mais il est encore jeune et, l'air de rien, récent dans l'Académie.
- Bonjour Alloy, toujours à l'heure à ce que je vois.
Un clin d'oeil habillant mes paroles, je n'ai pas le temps de commencer à discuter avec lui qu'une nouvelle silhouette fait son apparition. Si Alloy était l'ombre, Isidora serait la lumière. Par là, je ne dis pas qu'elle illumine la pièce, je n'ai pas encore eu l'occasion de partager une discussion personnelle avec elle. Juste qu'elle... Connait sa valeur. Peut-être même un peu trop. L'observant en silence, je la laisse s'exprimer puis s'installer.. Evidemment.. Au premier rang, m'arrachant un nouveau petit sourire. Ni mesquin ni mielleux. Juste un sourire.
Bonjour Isidora.
Buvant une dernière gorgée de thé depuis la tasse non touchée par les sales pattes de Prudence, j'observe l'unique duo présent avec un petit sourcil relevé. A la fois déçu et soulagé de voir aussi peu de monde à une invitation de cours facultatif. Pour être franc, leur semaine étant bien chargé, je peux comprendre que peu y voient vraiment une valeur importante face à une possibilité de repos. Me redressant avec douceur, je pose mes doigts sur le bureau de bois, laissant sa texture caresser mon épiderme comme un ancrage à la réalité.
- Bien, je ne vais pas plus attendre et vous expliquer le déroulement de ce cours. Si d'autres élèves se joignent à nous un peu plus tard, je compte sur vous ou même sur ma chère amie ici présente pour les aider à rattraper le fil sans être perdus.
Souriant, je viens tapoter dans mes mains, les tentures du plafond se redressent un peu, ouvrant un peu plus la pièce tout en lui offrant une luminosité plus présente. Quelques tapis se mettent doucement à rouler, certains venant même à décaler plusieurs bureaux inoccupés jusqu'à faire un espace dégagé entre les bureaux.
- Je ne vais pas révolutionner les cours de magie avec celui-ci, autant vous prévenir tout de suite. Vous voir en nombre réduit nous permet d'évaluer vos besoins à chacun et ainsi vous aiguiller plus précisément. A l'heure actuelle, je ne vois que des têtes que je connais des cours avancés mais j'espère bien voir des personnes plus novices nous rejoindre. Dans ce cas là, je vous demanderai de bien vouloir faire acte de tuteurs et de les aider dans les différents exercices. Nos cours sont destinés à vous apprendre à manier votre don mais aussi à comprendre comment peut fonctionner celui des autres, alors vous aurez aussi des choses à apprendre en tuteurs.
Avec un petit signe de tête entendu en direction de mes deux uniques élèves du moment, je viens me placer devant le bureau avant d'un déposer une fesse. Les jambes mi croisées dans une position nonchalante.
- Autre chose, je ne compte pas faire de monologue pendant des heures. Même si j'en ai tout l'air actuellement. Vous avez le droit de parler, vous exprimer, discuter et poser des question. C'est un cours ouvert, non magistral.
Me redressant légèrement sans pour autant quitter ma position assise, je lance un petit regard pensif vers Prudence avant de retourner mon visage vers mes deux uniques cibles du moment. L'air pensif, je laisse ma tête pencher quelques secondes sur le côté avant de les questionner d'un air mutin.
- Vu que vous êtes d'un niveau un peu plus élevé, je vous laisse le choix entre de la théorie ou de la pratique, je vous laisse voir entre vous. Le premier sujet sera le contrôle et la précision.
La description de la pièce est dans le premier post.
Alors que Söl lui tend une tasse avant de la déposer près de son pelage ébène, Prudence y fourra immédiatement le museau pour en lapper deux ou trois gorgées. Dès la première, elle eut un mouvement de recul et une légère grimace s’installa sur son minois félin ; le contenu était chaud, peut-être même un peu trop chaud. Elle secoua sa tête une fois, deux fois - les réflexes animaux étaient devenus une habitude, à vrai dire.
L’arrivée de plusieurs étudiants la détourna de son rival à la senteur de camomille, l’extirpant alors de son mal-être. Elle posa ses prunelles améthystes sur la jeune fille qui, malgré elle, arracha un rictus de dégoût à la magistère ; une autre, comme elle, à l’égo surdimensionné. Prudence avait pour habitude de juger aux premières impressions, bien que cela n’était pas toujours correct ; après une minute de réflexion, celle-ci se décida à laisser couler et à définir le caractère de l’étudiante un peu plus tard lors de la séance.
— ... Hm, lui tendit-elle en guise de réponse à son compliment.
Après tout, Prudence ne savait jamais comment réagir à ce genre de remarques : ironie, sincérité ou simple volonté de lui graisser la pâte… elle ne préférait donc pas y mettre du sien, déterminée à ne pas renvoyer les mauvais signaux.
Söl débute l’introduction du cours, mentionnant Prudence ici présente en spécifiant qu’il comptait sur elle pour aider les retardataires. Chose qu’elle occulta volontairement.
— Nous comptons sur vous ! rétorqua-t-elle avec un sourire - ou ce qui se rapprochait le plus d’un sourire sous forme féline -, corrigeant tout à fait le professeur à ses côtés.
Attitude nonchalante, elle vint débuter une marche lente mais assurée sur le bureau, évitant au passage de piétiner le Professeur Söl. Son flanc vint s'accoler à celui de Söl alors qu’elle le contourna - ses réflexes félins étant toujours prioritaires sur sa volonté humaine - puis elle émit un avis. Pour elle, la théorie n’était qu’un moyen de se détourner du moment fatidique : le labeur, la pratique, l’acharnement.
— Si je puis me permettre, une troisième possibilité s’ouvre à vous : théorie et pratique. Après tout, la magie est une discipline qui se ressent, et la théorie n’est là que pour aiguiller le corps concernant l’appréhension de ces sensations. Choisissez bien. Vous pouvez vous concerter.
Tu n’avais pas répondu à Monsieur de l’Isle sur le coup ? préférant gagner ta place habituelle en silence et discrètement. Sans attirer l’attention sur toi. Tu ne tardas pas à vite quitter cette salle de classe. Ton esprit vagabondant déjà à l’extérieur à peine ton regard posé sur cette fenêtre. Loin de toutes les préoccupations actuelles. Loin de ce cours facultatif, loin des élèves qui viendraient rejoindre ce dernier. Tu n’as d’ailleurs pas remarqué la présence de la jeune femme qui venait de faire irruption juste après toi. N’entendant qu’une voix au loin. Qu’un songe lointain et familier. Comme si tu l’avais déjà entendu auparavant.
Des voix, tu ne tardas pas à en entendre de multiples. Se pressant les unes derrières les autres. Dans un concert d’ambiances aux allures de souvenirs lointains. Perdu dans tes pensées. Tu n’en comprenais que des bribes. De simples syllabes se faisant connaître ici et là.
Il était bien plus agréable à tes yeux de te perdre dans ce monde onirique. Loin de tous les tracas quotidiens. Loin de toute cette pression habituelle. Tu pouvais ainsi échapper à cette réalité accablante. Qui te hante et te guette à chaque croisement, qui te suis le long de chaque couloirs. Traqué sans relâche tout au long de ta scolarité.
Il était bien plus doux de s’imaginer un monde. Un monde rien qu’à toi. Un monde où tu pourras être toi. Un monde où tu pourras prendre le temps de grandir. D’apprendre à ton rythme. De rencontrer joie, bonheur et émerveillement. Saupoudré d’un peu de peine et de tristesse. Pour te rappeler à quel point le rire qui en suit n’en sera que plus agréable.
Parce qu’au fond. Tu rêves de rester un enfant toute ta vie. Et tout serait si simple, si tu pouvais t’évader. T’en aller loin de tout. Partir de ce monde de fou, partir je ne sais où. Ce monde de mérite qui t’étrange et te détruit. Ce monde de perfection qui t’empêche de vivre dans ton imperfection. Alors tu voudrais courir au loin, sans rien. Simplement fuir au loin. Tu veux la reconnaissance des autres, être aimé des autres. Peut-être parce qu’au fond. Tu n’y arrives pas pour toi. Tu n’y arrives pas dans ce monde de lutte, dans ce monde où l’amitié n’est que querelle et disputes. Dans ce monde où l’amour n’est que mensonge et encombre. A quoi bon vivre. Sans rien espérer. Sans rêve pour combler.
Tu voudrais que les larmes et les peines, ne soient qu’un mythe. Qu’une ancienne légende urbaine. Mais mendiant, tu implores le soir, tu mendies l’espoir. L’espoir d’un jour meilleur, l’espoir d’un lendemain sans malheur. Mais la nuit est avare. Elle garde son lard. Tandis que tes larmes coulent. Au final, tu n’as pas assez luté, pas assez donné. Alors tu sacrifies tout, jusqu’à ta propre vie. Dans l’espoir que ton existence suffise pour exister. Dans l’espoir d’enfin obtenir un peu de reconnaissance. Si ce n’est dans cette vie au moins dans la suivante.
« Premier sujet est contrôlé et précision ». Tu manques de sursauter. Conscient que le cours venait de commencer. Arraché à tes pensées. Tu observes en silence la session. Madame Lovegrove avait rajouté une troisième option. Et tu semblais seul dans cette classe, accompagné d’Isidora. Pour le moment.
La pratique.
Tu lèves la main dans un mouvement las. Sortant à peine de ta torpeur. Imposant presque ton idée, tu sentais qu’un cours théorique à cet instant te serait fatal. Au risque de te perdre pour le reste de la séance.
Le monde ne reposait pas entre ses petites mains, bien loin de là. Le monde était au dessus, autour et en elle, Isidora le savait bien et cela était pourquoi elle s’acharnait autant à le maîtriser et le comprendre. Magie, stratégie, science et foi, voici les clés de l’univers et ces clés avaient bien plus d’importance et de sens que la vaine fierté et son frère l’orgueil. Ainsi ne le bruit étrange de la féline professeur ne la prit point de court, son éternel sourire déformait ses lèvres dans une mine béate. Le soleil apporté par l’action du professeur de l’Isle baignait la pièce d’une douce lueur dorée, rendant l’ensemble bien plus agréable et faisant apparaître tous les petits détails des hauts murs.
Sa tête se balançait au rythme des mots des professeurs, marquant son approbation aux différentes propositions du professeur masculin avant que le professeur Lovegrove s’avance d’un pas chaloupé pour présenter sa proposition. Un moment de flottement dans l’esprit d’Isidora, ses dons étaient assez…révélateurs. Bien que l'occultisme ne soit pas hautement rejeté, sa réputation est assez lourde et sa magie disons qu’elle n’était pas plaisante pour ses victimes. Pourtant l’idée était séduisante de pouvoir pousser les connaissances et les possibilités de ses dons pour associer les sortilèges à sa voix. Le nombre réduit, comme le soulignait le professeur de l’Isle pouvait être un véritable avantage au développement des possibilités et une meilleure gestion des dons. Cependant, Isidora était lasse de la théorie, lasse des livres qui semblaient devenir un deuxième habitant de sa chambre exiguë. L’interjection de son cadet à l’arrière vient confirmer ses affirmations mais l’idée de rester uniquement sur une approche pratique et dure de la magie ne lui était pas plus intéressante.
Respiration, on contrôle sa voix, tout doit être le plus parfait possible comme d’ordinaire :
-J’apprécierai étudier la façon proposée par le professeur Lovegrove. Je souhaiterai travailler l’approche autant théorique que pratique de la magie. Cependant vu la nature de mes dons, je nécessite un cobaye ou du moins…un objet à attirer.
Le souffle s’échappa dans un léger sifflement, fin de prestation.
Il y avait un cours organisé pour ceux qui voulait se perfectionner en magie. Parfait.
C’est ce dont avait besoin Aster. Il l’avait entendu le conseil d’un de ses professeurs : « tu y gagnerais à te perfectionner sur ton don » Et il s’était dit qu’il n’avait rien a perdre.
Lui qui ne raisonnait que par ses poings ou à la pointe de son épée, ca allait lui changer. Seul hic. Il sentait déjà qu’il était en retard.
C’était donc d’un pas rapide qu’il se dirigeait vers la salle indiquée. Il marche rapidement, le pas lourd, on pourrait croire qu’un éléphant se déplace dans l’Académie.
Et il pousse aussi un peu. Un regard navré vers ceux qui râle. Et il trace son chemin.
E n f i n. Il arrive devant la salle. Léger soupire pour reprendre son souffle. Il inspire… Et toc.
« Bonjour, c’est bien ici le cours de magie ? »
Un léger temps d’arrêt en train de plisser les yeux sur le peu de monde présent. « Je suis en retard peut être ? »
Il sait pas trop quoi dire mais il sent qu’un truc a commencé. Il sent qu’il arrive en plein milieu d’une présentation (??)
Et pourtant il se doute pas qu’il se présente p e u t ê t r e à point nommé. Et ce, pour son plus grand désarroi.
Le voilà bien a rester planté devant l’encadrement de la porte tel un piquet qui attend qu’on lui fasse signe d’entrer.
Alors que je commence seulement à m'exprimer sur le déroulement du cours et des opportunités disponibles aux élèves, la voix de Prudence vient me faire arracher quelques tics nerveux au niveau de ma paupière. Non pas qu'un élan de colère soit en train de prendre contrôle de mon corps, mais l'intervention a au moins le mérite de me faire grincer des dents. Je sais très bien qu'elle ne fait pas ça sur le ton de la moquerie ou tout autre volonté négative. Mais me dire qu'elle me laisse faire et n'interviendra que lorsqu'elle aura quelque chose à ajouter... Le tout pour me "reprendre" la minute même où je m'exprime.. Mh.. Bref. Rien de bien grave.
Souriant, je viens hocher la tête aux propos de ma collègue pour la soutenir bien que j'apprécie avoir au moins une préférence nette dans les besoin de mes élèves. Juste histoire de savoir ce que eux pensent posséder en lacune. D'ailleurs, tel un sauveur inespéré, la voix d'Alloy vient retentir en ne lâchant que deux mots. Comme à son habitude, clair, net, précis et concis. Presque dans une volonté de ne pas prendre trop d'air de la pièce, ce que je trouverai idiot mais bon, je ne contrôle pas les mentalités. Lorsqu'Isidore s'exprime sur son propre désir, je ne peux m'empêcher de sourire de manière un peu plus crispée. Evidemment qu'elle souhaite faire les deux et lui trouver un cobaye serait.. Hm.. Tournant ma tête lentement vers Prudence, je viens lui offrir un sourire presque machiavélique, paré à la jeter au loup dès la première occasion. Cependant, avant même que je ne puisse m'exprimer, une nouvelle voix interpelle l'assemblée avec à la fois confiance et crainte. Me détournant, j'observe le nouvel individu avec un sourire en reconnaissant les traits de l'individu. Il n'est pas le meilleur élève, sûrement même loin de là en ce qui concerne mes matières, mais sa présence ici me prouve qu'il souhaite réellement s'améliorer. Alors, avec un petit signe de tête approbateur, je viens prendre la parole.
- C'est bien ici oui. Entre donc, tu peux déposer tes affaires où tu veux. Le cours vient tout juste de commencer, nous étions juste en train de réfléchir à quoi s'adonner principalement entre pratique et théorie.
Redressant mon corps, je viens m'étirer doucement. Les tentures viennent à se secouer légèrement, comme suivant mon mouvement, une brise de vent venant même rafraîchir la pièce.
- Bien, ce que je vous propose dans ce cas, au vu de notre nombre actuel de participants, c'est de séparer les groupes pour aider plus personnellement. Je ne veux pas te forcer la main Prudence mais est-ce que ça t'irait d'aider Isidora ? Votre type de magie est similaire si je ne m'abuse pas et je suis un peu mal à l'aise à l'idée de la faire s'entraîner sur un autre élèves.
Riant maladroitement, je lance un petit regard sympathique vers Isidora avant de me tourner vers la figure féline avec un œil interrogateur. N'ayant pas spécialement prévu de créature à contrôler ou de manière pour la jeune fille de s'entraîner, nos solutions sont plutôt minces. Et ne possédant pas une confiance poussée en la jeune fille, je ne suis pas à l'aise à l'idée de lui laisser le contrôle d'un corps frôlant l'état de la bombe à retardement. Qu'il s'agisse du mien ou de celui d'Alloy. Quand à Aster... Il semble déjà suffisamment incertain et gêné, je n'ai pas envie d'en rajouter. Me retournant vers ces deux derniers, je leur offre un sourire avant de reprendre.
- Si Madame Lovegrove est d'accord avec ma première proposition, je peux vous prendre en charge tout les deux.. Au moins Alloy pour sûr, je connais bien tes capacités et j'ai déjà quelques idées pour t'aider sur ta pratique. Toujours dans l'optique où cette option est gardée Aster, tu as le choix sur ton enseignant, j'imagine.
Riant doucement, cristallin, j'effectue quelques mouvements, les tentures et tapis de la salle venant bouger les différents bureaux en les décalant pour de bon sur les côtés. Seuls ceux actuellement occupés restant plus ou moins aux même endroits afin d'éviter de brusquer leurs occupants. Un regard vers l'arrière, observant le chat installé sur mon bureau, attendant sa réponse.
La description de la pièce est dans le premier post.
Accueil
Jeu 31 Mar - 4:01
