L'Académie d'Aelyria forme l'élite de la nation à un avenir radieux, et ce depuis des générations. Antre du savoir et de l'excellence, passez ses portes et embrassez votre destinée parmi les plus hautes sommités de l'Empire. Mais gare, à l'Ouest, l'ombre des Terres Sombres s'étend et menace l'Humanité. Saurez-vous vous dresser face à cet ennemi mystérieux ? Assumerez-vous la grandeur de votre nom ? Le monde pourrait bien en dépendre.
Mes préparations étaient enfin finies. Posée là à l'orée du faux sous-bois, trônait une petite table en fer forgée. Deux chaises armées de coussins moelleux et un service à thé mit à disposition comme unique décor. La situation se suffisait d'elle-même. J'y avais pris beaucoup de temps, calculant l'angle et la position pour ne rien laisser au hasard. Venant même à entrer et sortir de ma salle de classe pour simuler sa future entrée et m'assurer qu'il pourrait voir l'endroit depuis la fenêtre en face de lui. Je n'avais pas envie qu'il soit prit d'angoisse en me voyant l'attendre austèrement derrière mon bureau ou à se demander s'il est au bon endroit en ne me voyant nul part. Mais me voir de dos, assis à une table tout en regardant le paysage forestier, cela aurait sûrement moyen de le mettre à l'aise. Ou a moins, lui donnera quelque chose à moudre dans son esprit le temps que je puisse le saluer.
Remontant doucement mes manches, je viens déposer les quelques biscuits que j'avais réussi à chiper à la cuisine. N'étant moi même pas bon à cela et préférant éviter d'empoisonner un élève sans aucun témoin alors que j'essaie juste de l'aider.. Cela serait pour le moins contre-productif. Alors, dans un effort de sympathie, j'ai manqué de me faire traiter de voleur et de bon à rien par un personnel agacé de mes demandes en biscuits et saucissons. C'est ça le dévouement d'un éducateur.
Souriant, je viens m'asseoir doucement, profitant de la douceur de l'assise offerte par les coussins méticuleusement sélectionnés. Autant par couleur que par qualité de molleton. L'air pensif et soulagé, je me laisse à faire tomber ma tête légèrement en arrière, profitant du courant d'air provoqué par les toiles cachées derrière les arbres me servant à créer une sensation de brise. Un stratagème aussi pratique qu'agréable, me donnant l'illusion d'être dehors tout en me demandant d'utiliser mon énergie magique peu à peu. Mes yeux se ferment à mi-clos, ne désirant pas complètement m'endormir mais me laissant à rêvasser, ne doutant pas une seconde que la jeune tête blanche ne tardera pas à apparaître.
La description de la pièce est dans le post du cours avec Prudence.
Une rencontre avec Monsieur de l’Isle. En dehors des cours. Un sujet de stress pour beaucoup d’élèves. Pourtant, tu ne voyais rien de grave dans cette convocation. Aucun motif susceptible de t’inquiéter. Bien au contraire, tu sentais un lien étrange que vous sembliez partager. Comme si vous étiez pareils, tout en étant si différent.
C’était donc avec une certaine curiosité que tu te rendais à ce rendez-vous aux allures de cours particulier. Ce qui n’était pas pour te déplaire. Perfectionner ta magie était ton plus grand souhait au cours de ta scolarité dans cette académie. Même si la décision de venir dans cette école n’était pas tienne. Comme toutes les décisions prises au cours de ta vie. Personne n’a jamais pris en considération tes désirs et tes souhaits. Imposant simplement le destin qui t’attend. Aux allures de fatalité.
Tu étais pourtant résigné depuis bien longtemps à cette idée. Celle que ta vie n’appartenait qu’à ta famille et à elle seule. Sans avoir ton mot à dire, sans avoir de rêves à offrir. Tu n’avais qu’à obéir sans rien demander en retour. Malgré tout, si jamais un caprice t’étais permis. Rien qu’un. Qu’un seul. Si jamais ils pouvaient prendre en considération un souhait au cours de ta vie. S’ils pouvaient t’accorder ne serait-ce qu’une seule chose au cours de toute cette non-existence. Alors tu ne serais pas contre un peu de reconnaissance. A peine, simplement un mot. Un « tu as fait de ton mieux ». Tu n’en demandais pas plus, tu n’en quémandais pas autant. Mais ces simples mots suffisaient largement à te rendre un sourire que tu n’avais jamais eu l’occasion de connaître. Ni toi ni personne d’autre.
En arrivant dans cette salle de classe que tu commençais à connaître, tu ne tardas pas à l’apercevoir, non loin de là. La porte entrouverte. A travers une simple fenêtre, tu le voyais, son dos, assis à cette table. Profitant d’un agréable paysage en compagnie de son thé habitude. Un spectacle familier.
Réduisant la distance. Tu viens t’arrêter à ses côtés. Debout, non loin de cette table. Laissant planer un silence pendant un long moment. N’osant interrompre ce tableau idyllique que vous étiez en train de dépeindre malgré vous. N’osant briser le calme qui reposant et apaisant qui s’était installé dans cette pièce.
Repensant à nouveau à tes craintes, tu ne tardas pas à sortir un bout de marbre de tes poches, une sphère malléable qui adopta diverses formes à mesure qu’elle glissait entre tes doigts. Une tour, ensuite un dragon, suivis d’un aigle, puis de diverses créatures, toutes plus variés les unes que les autres. Tout comme un artiste invisible représentait cette scène sur la toile de toute une vie, tu reproduisais à moindre échelle des détails de la tienne dans le creux de ta main. En silence.
Après un très long moment de vide. Où nul son ne vint troubler la tranquillité de ce lieu. Un silence qui dura quelques heures. Tes lèvres se sont enfin mus. Animé d’un étrange désir, d’une curiosité malhabile.
Bonjour. Monsieur de l’Isle. Vous vouliez me voir ?
Toujours debout, à côté de cette table. Ta main continuait de s’agiter alors que ton regard semblait perdu au loin.
La voix d'Alloy aurait put potentiellement me faire sursauter, ou au moins put me faire ouvrir brusquement les yeux, si je n'attendais pas son arrivée ni n'avait entendu ses pas dans l'herbe quelques secondes auparavant. Il avait prit son temps pour s'exprimer, quelques bruissements de tissu m'indiquant qu'il devait bouger sans réellement se mouvoir. Je lui ai alors laissé l'occasion de s'exprimer en premier. Non pas par désir de le faire attendre, mais plutôt pour lui donner une part de contrôle sur quand il se sentirait prêt à me parler. Et lorsqu'il commence, je ne peux m'empêcher de laisser un mince sourire s'étirer sur mon visage.
Redressant légèrement ma tête, j'ouvre doucement les yeux tout en les dirigeant vers lui sans me défaire de mon sourire. Mon regard se perd alors quelques secondes à l'observer et à détailler ses actions presque nerveuses, sa propre attention diriger partout ailleurs que sur moi.
- Bonjour Alloy, je voulais te voir oui, installes toi s'il te plait.
D'un geste vague, je lui présente la chaise inoccupée tout en espérant intérieurement que ma petite sélection de coussin sera à son goût. Pour être totalement franc, l'idée même de parler à quelqu'un me faisait plaisir à l'heure actuelle et, même s'il ne s'agit là que d'un élève qui ne doit voir en moi qu'un enseignant un peu barbant ou perché, j'espère intérieurement que ce moment aussi court soit-il puisse bien se passer pour lui.
- J'ai quelques questions à te poser par rapport à quelque chose de très particulier. Mais on traitera ça après. Je voulais d'abord savoir comment se passe ta formation. Est-ce que tout va bien ? As-tu des soucis ou lacunes dans certains sujets ?
Question assez banale d'une certaine manière et, au final, un peu bête. Alloy ne faisant pas partie de la Maison régissant mes cours, il est presque étrange de ma part de lui poser cette question sans idée derrière la tête. Pourtant, connaissant moi même les problèmes que peuvent entraîner notre condition, je ne peux m'empêcher de m'inquiéter d'une scolarité pouvant être parfois un peu chaotique.
- Ne t'en fais pas, tu n'es pas obligé de me répondre si tu ne le souhaites pas. Je ne cherche pas à être indiscret, je suis juste curieux vis à vis d'un de mes élèves.
Lui souriant, je viens doucement relever la théière encore fumante tout en me servant avant de l'observer et reprendre.
- Du thé ? N'hésite pas à te servir au niveau des biscuits non plus. Ils sont fait pour être mangés.
La description de la pièce est dans le post du cours avec Prudence.
Sur ces mots. Tu t’installes en silence. Sans répondre davantage. Prenant simplement place dans la chaise libre à ses côtés. Comme il te l’avait indiqué. Ton regard ne croise pas encore le sien. Bien trop happé par le spectacle s’offrant sous tes yeux. Cette représentation douce de la nature savait éveiller ton esprit rêveur. Une stimulation bien trop efficace pour être ignoré.
Pourtant, tu parviens tout de même à garder en tête le but premier de ta visite. Ecouter ce qu’il avait à te dire. Donc malgré un visage et un regard complètement ailleurs. Tu l’entends se prononcer, sans un mot, écoutant ce qu’il avait à t’annoncer.
Tout va bien. Merci. Aucun.
Tu ne pouvais avoir aucune lacune. Aucun défaut. Rien qui viendrait entacher ce nom qui est le tiens. Déjà que ton existence est remise en question, tu ne pouvais pas te permettre de baisser ta garde. Te battant sans arrêt, travaillant sans relâche. Tu creusais de plus en plus, davantage. Jour après jour. Te fixant de nouveaux sommets jours après jours. Des sommets bien trop haut, inatteignable.
Alors sans jamais abandonner. Tu poursuis sur ce chemin, enchaîné par tes propres contraintes, brisés par tes propres exigences. Parce que tu ne seras jamais assez bien, jamais assez bon. Pas après pas, mur après mur. Tu continuais ta route.
Un regard en coin à sa proposition. Suivis d’un hochement négatif qui ne se fait pas attendre.
Non, je vous remercie.
Tu n’étais ni gourmand ni du genre à grignoter. La nourriture ne t’avait jamais attiré et tu n’as jamais réellement compris cet engouement qu’on les nobles pour certains mets raffinés. Une fois sur le palais, ils disparaissaient tout aussi vite. Bon ou mauvais. Un des plaisirs de la vie que tu n’avais pas su entrevoir.
Je suppose que vous ne m’avez pas convoqué simplement pour parler de mes résultats tout en me proposant une tasse de thé ?
Il faut croire que Madame Vittoria avait commencé à déteindre sur toi. En général, elle vous convoquait rarement pour prendre de vos nouvelles autour d’un thé. Il y avait toujours quelque chose de plus. Une forme de mise en confiance pour mieux poser les véritables questions par la suite.
Je vous en prie. Vous n’avez pas besoin de me ménager.
Après tout, personne ne l’avait fait dans ta vie. Personne n’avait pris le temps de prendre des pincettes avec toi. Ce qui n’était pas pour te déplaire. Tu t’étais depuis longtemps habitué à cette situation.
Son ton est direct, sobre et dénué d'élans d'émotions. Mon regard se perd alors que je commence à l'observer avec un peu plus de curiosité. Il semble présent mais aussi complètement distant, ne cherchant pas à se lier d'une quelconque sympathie avec moi. Non pas qu'il soit particulièrement désagréable, juste... Indifférent ? Le refus des biscuits m'arrache une petit grimace alors que j'entends déjà les voix des cuisines s'élever si jamais j'osais ramener un plat de biscuits desséchés. Alors, dans le doute et attendant qu'il presque prenne la parole, je viens en voler quelques uns que je porte à mes lèvres comme un écureuil, dévorant les sucrés avec appétit.
Lorsqu'il me pose sa question, sa franchise me désarçonne de nouveau et pendant un court instant, le vent se tait. Clignant doucement des yeux, je toise l'individu devant moi avec une moue presque médusée avant de me reprendre, secouant doucement la tête lorsqu'il commence à parler de le ménager.
- Laisse moi t'arrêter de suite, Alloy, il n'est pas question de te ménager ou de te brusquer.
Lui souriant, je viens boire une grande gorgée de thé puis, après avoir redéposé ma tasse, m'étire de tout mon long. A la fois compliquée et simple, j'espère simplement que la discussion se passera correctement. N'étant pas spécialement habitué à avoir ce genre de conversations, rien ni personne ne m'y a vraiment préparé si l'on songe comment ma propre existence à été prise en charge.
- Je ne vais pas y aller par quatre chemins cependant. Je sais que tu possèdes une anomalie en toi et sincèrement, si ce n'était pas écrit dans ton dossier, je pense qu'il faudrait que je sois aveugle pour ne pas le ressentir. Jusqu'à présent, tu n'as pas eu de problèmes majeurs avec celle-ci et j'en suis autant soulagé que toi. Mais il ne faut pas non plus que cela te rendes trop confiant.
Plissant les yeux, je toise le jeune homme avec un regard bien plus sérieux qu'auparavant. Si la gravité de mon expression est présente, la douceur de celle-ci reste sur mon visage, ne désirant pas le faire se sentir coupable de quoi que ce soit. Mais après tout, il m'a lui même annoncé vouloir être traité sans ménagement, alors autant lui faire comprendre rapidement.
- Néanmoins, je ne vois pas pourquoi tu devrais te débrouiller tout seul dans cette galère. Tu as déjà bien assez dans ton assiette pour ton âge et pour un étudiant. Alors, je te propose mon aide pour te guider à ce niveau. Trouver ce qui marche ou non pour toi pour te dépenser, partager mes propres techniques etc.
Marquant une pause, je me contente de grignoter un énième biscuit tout en l'observant avec une mine innocente. Ne prenant la parole que quelques secondes après, je me permet de reprendre une voix un peu plus douce, presque guillerette.
- Alors ? Qu'est ce que tu en dis ?
La description de la pièce est dans le post du cours avec Prudence.
« Anomalie », à croire qu’il s’était concerté avec tes parents avant de préparer cette rencontré. Ce n’était pas la première fois que ce mot effleura ton esprit, longtemps, tu t’es demandé si ce n’était pas la raison pour laquelle tu es laissé de côté. Mais rien n’était aussi simple à tes yeux. Rien n’était aussi évident. Si ce n’était qu’une question de dangerosité, il suffisait de t’enfermer, de te garder à l’écart depuis le départ. Ils n’avaient pas même conscience de cette dangerosité. Ils n’avaient pas même conscience de ta propre personne. Ne la prenant que rarement en considération. Ne montrant qu’un désintérêt certain. Et ta famille n’était pas du genre à ignorer un danger potentiel.
La suite de son discours manqua de t’arracher un sourire. Toi. Être trop Confiant. Il n’y avait pas meilleure boutade sur cette terre que de l’entendre à haute voix. Tu remettais ta propre existence en question. N’ayant aucune légitimité dans ta famille. Tu n’as une place dans cette académie que par son nom que tu portes sans être le tiens. Non, l’estime de soi ne faisait pas partie de tes qualités premières. Bien au contraire.
Vous l’avez aussi. N’est-ce pas ?
Il était vrai que tu ressentais une certaine familiarité entre vous. Étrange, pas au point de partager des liens du sang. Mais pas au point d’être de parfaits inconnus. Drôle d’impression de déjà-vu qui te collait à la peau en le croisant. Sûrement en référence à cette anomalie que vous partagiez.
Très bien.
Tu hoches la tête, comme pour marquer encore davantage ton approbation. Pour lui faire comprendre que tu n’y voyais pas d’inconvénient. Bien au contraire. Tu n’étais pas contre le fait de t’améliorer, de prendre en main ta magie de façon efficace, toujours plus efficace. C’est pour cette raison que tu façonnais à tes heures perdues ce petit morceau de marbre.
Je vous remercie.
En parlant de morceau de marbre. En parlant de remerciements. Tu pouvais peut-être lui en faire une. Une petite sculpture pour le remercier. Un regard sur la table suffit à te donner une idée. Nul besoin de lui demander, tu avais déjà trouvé le modèle idéal. Un modèle utile pour une fois. Qu’il pourrait utiliser au quotidien, à la différence de tes statuettes habituelles.
Sortant à nouveau le morceau de tes poches, tu le fis glisser entre des doigts, le marbre pourtant si dur, se pliait petit à petit, embrassant la courbure de ta main. Se modelant dans un rythme effréné. Après quelques secondes, à peine, il adopta la forme d’une tasse de thé d’un blanc immaculé. Avec de fines rayures automnales. Aux motifs floraux et variés.
Tu posas en silence la tasse sur la table à tes côtés. Juste en face de ton professeur. Comme une offrande déposée sur ce trésor de sucre. Comme un léger présent, presque imperceptible dans cet océan d’arômes.
Sa première question me fait sourire. C'était une forme d'évidence pour nous deux sans pour autant devenir un nez au milieu du visage. Le fait qu'il ne l'ai pas spécialement remarqué depuis ne me surprends pas réellement. Après tout, à part être un visage au milieu d'une centaine d'autre, je suis assez peu de chose pour Alloy. Hochant doucement la tête sans prendre la peine de lui répondre verbalement, j'approuve ses paroles. Comme à son habitude, ses mots sont courts et presque retenu. Comme quelqu'un qui compterait ses syllabes. Un sourcil arqué sans pour autant faire de commentaire, je me contente de l'observer faire et parler, ne lui offrant qu'un sourire franc lorsqu'il me remercie. Au fond, c'est normal que je l'aide, je ne m'attendais pas spécialement à des remerciements.
Et puis, son regard change, venant s'arrêter sur la table tandis que je perçois ses doigts se mouvoir sur une matière blanche malléable. Mes sourcils se froncent alors, non pas par colère mais par incompréhension, cherchant à deviner ses gestes sans y réussir à temps. Lorsqu'il dépose la tasse sur la table, mes pupilles restent fixées dessus et ma mâchoire se détache légèrement, figeant mon visage dans une expression de surprise radieuse pendant des secondes que j'aurais moi même trouvé trop longues. Un long sourire vient étirer mes lèvres et faire plisser mes yeux, les doigts venant doucement s'emparer de l'objet avec une grande délicatesse, m'amusant même à les faire courir le long des motifs.
- C-.. Merci Alloy. C'est magnifique..
Ma voix se crispe légèrement alors que je me sens pris de court. Me mordillant légèrement la lèvre avec une brève nervosité, je redresse le regard vers lui. Mon visage rayonnant s'ornant même d'un sourire à l'énergie enfantine alors que je reprends la parole.
- Sincèrement Alloy, tu as du talent et beaucoup de créativité. Tu as déjà songé à développer ta créativité artistique ?
Lui souriant, je délaisse ma première tasse, venant remplir celle récemment offerte avec douceur, prenant presque plaisir à entendre le liquide chanter sur le marbre. La portant à mes lèvres et souriant tout en buvant, je fais un nouveau petit signe de tête approbateur vers le jeune homme. Une fois la gorgée savourée et les motifs de nouveaux observés, je viens déposer la tasse avant de laisser ma main en l'air pendant quelques secondes. Doucement, avec la légèreté d'une feuille et le silence d'un serpent, un voilage vient jusqu'à nous, porté par un vent inexistant avant de s'installer sur mes genoux. Déroulant son contenu, je révéler puis déposer l'objet sur la table. Au milieu des plis de tissu trône alors une clef en fer forgé, plutôt élégante cela dit en passant. Poussant le tout dans la direction d'Alloy, je lui adresse un sourire.
- Tu n'es pas obligé de l'accepter, mais sache que j'y ai longuement réfléchis et si je te le propose c'est que cela ne me dérange pas. Ceci est la clef de ma classe. Enfin.. Un double. Je peux t'autoriser l'accès à celle-ci si tu me promet de ne pas chercher à accéder aux endroits et armoires scellées. Et en échange, tu as complet accès aux équipements ainsi qu'à l'espace "forêt" où tu peux te dépenser magiquement et explorer de nouvelles manière de transformer des choses sans te faire ennuyer ou trop observer.
Haussant les épaules, j'observe les arbres avec une petite moue, me demandant l'état dans lequel je vais les retrouver si celui-ci accepte mon offre. L'air songeur, je viens cependant à rajouter une autre couche avec un sourire.
- Cette offre est optionnelle. La suivante te sera obligatoire.
La description de la pièce est dans le post du cours avec Prudence.
Un silence. Tu l’observes du coin de l’œil. Sans pour autant le regarder directement. Attendant patiemment sa réaction. Avec un intérêt difficilement dissimulé. Lui lançant de temps en temps un regard inquisiteur. La curiosité prenant le pas sur la raison, qui t’imposait de garder ta retenue face à toutes épreuves.
En voyant son air enjoué, presque ravi. Tu te sens malgré toi soulagé. Au moins l’espace d’un instant. Au moins un bref moment. Heureux que ton présent soit accepté avec autant de bienveillance. Heureux que ce talent ne soit pas aussi inutile que bon nombre le pensent. Heureux tout simplement, d’exister.
Je dessine un peu, en dehors de ces sculptures magiques.
De là à dire que tu pratiquais de l’art, il y avait tout un monde à tes yeux. Tu n’avais jamais réfléchi à cet aspect de ta vie. L’art. Incapable de lever le voile sur ton existence tout entière. Incapable d’assumer le moindre talent venant de tes doigts. Tu étais bien incapable de te venter d’une quelconque force, encore moins mettre en avant une quelconque parcelle de ta personnalité.
Mais tu te gardes bien de rentrer dans les détails. T’enfermant à nouveau dans ton mutisme familier. Réconfortant à terme. Que tu avais pris pour habitude d’utiliser à outrance dans ta vie.
Sautant sur l’occasion pour écouter attentivement sa proposition. Cette offre qu’il lui faisait. Tandis qu’il envisageait cette option, son regard se perdit à nouveau dans la pièce, observant avec attention le jardin, le moindre de ses bruissements, le moindre de ses sons, la moindre de ses respirations.
Le regard rivé sur la clé, ton cœur balance. Ne sachant pas si tu étais digne d’accepter un tel présent. Ne sachant pas quoi faire d’un tel présent. Ne sachant pas comment réagir face à un tel présent.
Alors tu penses, encore et toujours. Tu penses à ta vie dans ce jardin, tu penses à ta vie en dehors dudit jardin. Loin de cette salle de classe ou au contraire, ancrée dans ces murs. Fermement lié à ces lieux.
Et tandis que tu te perds dans tes pensées, il poursuit son discours. S’arrêtant sur un point important. Qui t’arrache à ton utopie. Qui t’arrache à tes idéaux. Si la suivante était obligatoire, alors la suivante méritait d’avoir toute ton attention.
Les deux sont-elles liées ? Si j’accepte la première, a-t-elle une incidence sur la seconde ?
Tu penches la tête sur le côté, légèrement, un mouvement presque imperceptible.
Je suis curieux d’entendre cette deuxième proposition.
Un silence. Encore.
Je ne manquerai pas de vous donner ma réponse pour les deux.
Quoique, si ce qu’il disait est vrai, tu n’avais pas réellement le choix. Encore une question d’habitude dans ta vie. A laquelle tu t’étais résigné il y a bien longtemps.
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Ven 1 Avr - 3:20
